Marcel Bich et l'entreprise Bic
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Marcel Bich, prince de l’éphémère
Marcel Bich est le fils de Aimé-Mario (1882-1955) et de Marie Muffat de Saint-Amour de Chanaz (1886-1967). Il est issu d'une famille valdôtaine originaire de Châtillon. Le titre de « Baron » a été accordé à son arrière-grand-père Emmanuel Bich, « Syndic » d’Aoste, le 13 juillet 1841 par Charles-Albert de Sardaigne, duc de Savoie. Son père après des expériences industrielles décevantes en Italie émigre en France. Marcel Bich est naturalisé Français avec ses parents le 2 août 1930. Il fait ses études et obtient une Licence de droit
Marcel Bich est né en Italie le 29 juillet 1914 et décède le 30 mai 1994 à Paris. Il est le père de 11 enfants.
En 1950, Marcel Bich lance en Europe le “bic” : un stylo dont la bille glisse sur le papier et permet une écriture plus facile et plus rapide que la plume. C’est une révolution. Le baron Bich (il appartient à la noblesse savoyarde) va bâtir un empire commercial sur un concept nouveau : le produit jetable. Aujourd’hui, 15 millions de stylos bic sont vendus dans 160 pays chaque jour. En 1945, Marcel Bich a réuni 500 000 francs avec Edouard Buffard : seul capital jamais mis dans l’affaire Bich. Ils rachètent une fabrique de porte-plumes, parviennent à améliorer le stylo à bille mis au point par le Hongrois Laslo Biro. Cinq ans plus tard, il est sur le marché. En 1953, la société Bic est créée pour fabriquer et vendre les stylos à bille. L’année suivante, le baron Bich se lance à l’assaut des marchés internationaux : il crée Bic Italie en 54, Bic Brésil en 1956. En 1957, pour infiltrer la zone Sterling, il achète l’entreprise Biro-Swan qui représente 60 % du marché britannique. L’empire s’étend avec le rachat en 1958 de 60 % des parts de Waterman aux Etats-unis, un gros investissement qui finira par payer. La pointe Bic est une révolution pour l’écriture mais aussi un exploit technique : elle peut tracer une ligne de plus de 2 km. Grâce à une bille en tungstène sertie dans une pointe, usinée avec des outils d’horlogerie, l’encre s’écoule, presque sans tache. Le stylo est particulièrement léger : le tube transparent reprend la forme hexagonale des crayons de papier. Le petit trou dans le corps assure la même pression à l’intérieur et à l’extérieur ; l’encre peut ainsi s’écouler vers la bille. Le capuchon a la même couleur que l’encre. Depuis 1991, le capuchon en polypropylène est troué en application de la norme internationale de sécurité : ce petit trou permet de respirer en cas d’ingestion par un enfant. 1965 : c’est la fin des pleins et des déliés ; un décret paru au Journal officiel autorise les écoliers à utiliser les stylos à bille. Finis les encriers qui coulent et les plumes qui grattent le papier. Le débat qui agite le corps enseignant est clos : les enfants tireront la langue pour autre chose que la corvée d’écriture. Il faut dire que, grâce à des buvards publicitaires destinés à éponger l’encre baveuse, la société Bic a déjà choisi son public. Avec une recette : le meilleur rapport qualité/prix : le bic cristal ne coute que 50 centimes.
Fort de ce succès, le baron Bich se lance dans le briquet, toujours jetable, à flamme réglable. En 1971, la société Bic prend le contrôle de Flaminaire, un fabricant de briquets traditionnels, avant finalement de construire sa propre usine. En 1974, 290 000 briquets sont vendus chaque jour dans le monde. De forme on ne peut plus simple, mince, le briquet jetable tient bien dans la main : on peut le perdre ou le donner sans état d’âme. Et, s’il n’a pas l’esthétique des briquets précieux, on peut tout-de-même le reconnaître facilement puisque les couleurs et les décors sont très variés. Marcel Bich, déjà à la tête d’un empire, grille tous ses concurrents avec un objet qui va changer la vie des barbus du monde entier ceux qui, auparavant, changeaient les lames de leur rasoir. Le rasoir Bic est le premier système non rechargeable qui apparaît sur le marché. Ce rasoir s’est modernisé au fil des années, mais le principe reste le même : plus besoin de manipuler des lames de rasoir dangereuses. Bon marché, les 8 millions de rasoirs vendus quotidiennement finissent à la poubelle dès que la lame est émoussée. La publicité joue avec humour pour la promotion de ces produits populaires. En 1995, pour le lancement du rasoir destiné aux femmes, le footballeur Eric Cantona sort de sa douche pour demander : « Chérie, tu me prêtes ton rasoir, le rose ? » En 1988, premier gros échec d’un système qui semblait infaillible : le baron Bich lance un parfum à 20 francs vendu dans les bureaux de tabac. Mais il engloutit 250 millions de francs dans ce projet qui lui tenait à cœur personnellement et échoue à parfumer Madame Tout-le-Monde, oubliant que le parfum se doit d’être un produit de luxe, même pour les bourses les plus modestes. Il y a d’autres ratages économiques dans la carrière de ce patron autodidacte et anticonformiste : le rachat des collants Dim en 1973 (revendus à l’Américain Sarah Lee en 1987), l’acquisition, en 1979, de la société Guy Laroche, toujours dans le rouge. Dans les années 80, Bich mise sur les planches à voile ; peine perdue, le marché s’essouffle déjà. Mais l’entreprise a les moyens de ses paris coûteux, comme des caprices de son patron. De 1970 à 80, Marcel Bich participe à la Coupe de l’America en se faisant de la publicité au passage. Le baron, amateur de golf également, a cédé les rênes de la société à son fils Bruno en 1994, quelques temps avant de mourir. Il venait de reconnaître tardivement une fille née hors mariage, l’ajoutant ainsi à ses 10 enfants de deux lits légitimes.